Frison x QH - Dalkadam

Et me voilà, sortie de prison, la boule au ventre à cause du stress lié à cette nouvelle situation. Qu’est-ce que j’attendais de cet endroit au juste ? Est-ce que le directeur s’attendait vraiment à voir d’anciens détenus marcher droit bien gentiment ? Je ne cessais de me demander ce que je pourrais bien faire de ma vie, et quand j’arrivai devant les écuries du domaine, je soupirai. Je n’avais vraiment rien à faire ici, et quand je dis rien, mais les mouches qui volaient autour de la poubelle à crottins au loin me criaient de fuir et de ne pas faire demi-tour. Oui mais voilà, dans cette académie peuplée de détenus ayant le même but en tête que moi, à savoir effacer leur peine de prison, il n’était pas possible de faire demi-tour. Sans compter que maintenant que je vivais avec le directeur de cette merveilleuse académie, il m’était bien difficile de faire autrement.

Je poussai un soupir, et au loin, un écho me parvint aux oreilles. Je relevai la tête. Une tête marron clair / beige débordait d’un box. Je n’y connaissais absolument rien aux chevaux, et s’il y avait bien une chose que je savais c’est … Non, en fait je ne sais rien avec certitude, mais je dirais qu’à prime abord ce grand cheval n’avait pas l’air méchant du tout, au contraire d’ailleurs. C’est pourquoi je m’avançai, sans vraiment être sûre de ce qui m’attendait, ni sans savoir vers quoi je me lançais. Je ne me doutais pas alors qu’une grande histoire aurait lieu entre nous, et c’est tout en ignorance de cause que je lus son prénom à voix haute :

« Dalkadam. » Un hennissement joyeux me répondit. Je ris doucement, et lui dis : « Alors comme ça c’est toi grand dadais ? Tu sais que t’es pas trop moche dans ton genre ? Tu manques un peu de tâches selon moi, mais t’es plutôt mignon pour un p’tit mec. » Oui, parce qu’il était très rare que je trouve un spécimen masculin à mon goût. Et pourtant, celui-ci n’était pas moche du tout, et il dégageait même beaucoup de douceur. Je lui fis donc renifler doucement ma main, tremblant légèrement d’appréhension, et ses naseaux se posèrent dedans. La sensation, nouvelle pour moi, fut comme un électrochoc, et sur le coup je fis un pas en arrière, n’étant pas habituée à ressentir quoi que ce soit pour qui que ce soit. L’équidé, intrigué, me regarda de ses grands yeux, comme s’il se demandait pourquoi j’avais reculé ainsi. Je pris une grande inspiration, et je m’approchai de nouveau. Cette fois, ma main avança lentement vers sa joue. « Pardonnes moi… J’imagine que je ne suis pas censée faire de geste brusque ? Tu sais, je ne suis pas habituée à avoir de contact avec des animaux que je ne connais pas, et je n’ai absolument rien à t’offrir, si ce n’est des câlins. Mais on m’a offert un peu d’argent, et peut être que si tu le voulais, je pourrais revenir te voir et t’apporter quelques pommes ? Tu aimes ça les fruits ? » De nouveau, un hennissement sympathique me répondit, et je souris doucement. Cet équidé avait le don de dégager une certaine douceur, une bienveillance sans pareille, et qui ne me laissait pas de marbre. Je ne savais pas à quoi un échange avec un autre équidé aurait pu ressembler mais une chose est sûre, un échange avec Dalkadam était des plus agréables. Peut être pourrais-je envisager d’apprendre à monter … ? Après tout n’était-ce pas pour ça que nous étions là ? Nous réinsérer avec l’aide des chevaux ?

« Il faut que je me renseigne. Je n’y connais rien aux chevaux, et je ferai certainement beaucoup d’erreurs mais … Si tu m’apprends, alors je pourrai peut être m’occuper de toi ? Venir te voir plus souvent, afin de t’offrir des pommes, des carottes (c’est bien ce que vous aimez, non ?), et pourquoi pas un peu de caresses aussi ? » Ma main remonta un peu en direction de son front, mais il recula légèrement, alors je la laissai retomber mollement à mes côtés et ses naseaux frémirent tandis qu’il se rapprochait de nouveau de moi. « Pas le front, d’accord, c’est noté. Tu vois, si tu me montres à chaque fois que tu n’aimes pas quelque chose que je fais on pourra très bien s’entendre, et au fur et à mesure je ne ferai plus que des choses que tu aimes. » J’eus un petit sourire. Oui, j’avais pleinement conscience du fait que je donnais l’impression d’être dans un joli petit rêve, mais très franchement après la prison, cet endroit semblait être le paradis sur terre. « Bon aller Dalkadam, j’ai à faire, mais je reviendrai prochainement, et cette fois pas seulement avec des caresses. Et puis j’apprendrai peut être à monter aussi ? » Les écuries me semblaient bien silencieuses, et ma voix résonnait comme si je criais. Je baissai donc d’un ton, ayant l’habitude qu’on me dise que j’ai une voix qui porte, puis je rajoutais : « Je me montrerai digne de toi. Je ferai vraiment tout pour te rendre fière. » Pourquoi avais-je l’impression de devoir lui rendre des comptes, telle est la question. Mais quand finalement j’entendis du bruit, et des chevaux renâcler au loin, je compris que leur ration du soir arrivait. Je décidais donc de m’éclipser avant qu’on ne me voit ici, puis je pris la direction du club house pour renseigner quelques papiers administratifs.